« Depuis ce matin 3 mai, au 98 rue de Bâle, une quarantaine de producteurs alsaciens tente le pari Cœur Paysan, réussi à Colmar en 2016. Ce magasin permet de consommer local et de rencontrer ces producteurs-acteurs », écrit L’Alsace.
Sept producteurs travaillaient, mardi, pour que «leur» enseigne soit prête ce mercredi matin à 9h © Darek Szuster / L’Alsace
Un peu d’histoire
En décidant d’ouvrir un magasin de producteurs locaux à Colmar fin 2016, le maraîcher sélestadien Denis Digel a tapé dans le mille. Cœur Paysan est passé de quelque 40 producteurs à une soixantaine, de Sentheim au sud à Wingen-sur-Moder au nord. La surface du magasin, situé route de Neuf-Brisach, est passée de 400 m² à 420 m² […]
Mulhouse après Colmar
[…] La pré-ouverture mardi 2 mai a connu un joli succès avec plus de 600 inscrits. Pourquoi Mulhouse et pas Strasbourg, par exemple? «Mais parce que les élus du secteur nous voulaient», constate Denis Digel, pas mécontent, à nouveau, de faire «pousser» une enseigne de producteurs sur les décombres de la grande distribution.À Colmar, Cœur Paysan est dans un ancien Lidl. À Mulhouse, c’est dans l’ancien bâtiment industriel reconverti en Chronodrive (groupe Auchan), fermé en novembre 2013, que s’installe ce magasin pas comme les autres.
Mulhouse, le plus grand
Avec 650 m² (dont 450 pour le commerce), ce Cœur pPaysan sera le plus grand d’Alsace. Les 26 producteurs associés ont investi plus de 2 millions d’euros pour mettre le bâtiment au goût du jour.
«On a une offre en viande et en charcuterie incroyable, avec sept producteurs différents. Et on peut aussi accueillir un coin boulangerie, contrairement à Colmar», poursuit Denis Digel. Pour info, il s’agit de la boulangerie Cézamie de Logelbach, bien connue des clients du marché de Mulhouse, le samedi.
Une équipe originale
L’enseigne, qui mutualise les tâches administratives avec Colmar, a procédé à dix embauches pour faire fonctionner le magasin. Mais l’originalité de Cœur Paysan est que chaque producteur, selon son volume de vente, s’engage à passer une journée par semaine à une par mois dans le magasin pour rencontrer les clients, travailler… Pour les reconnaître, c’est simple, ils ont des polos vert clair.
Une offre complète
Cœur paysan –excepté quelques savons naturels– ne propose que des produits alimentaires, avec beaucoup de produits frais, des boissons, laitages, une poissonnerie (poissons de la Pisciculture des Moulins, dans le 90). «Excepté le riz, on a presque tout», détaille Denis Digel.
Dans un rayon de 100 kilomètres
« Et tout est produit dans un rayon de 100 kilomètres. Par contre, nous ne sommes pas un magasin exclusivement bio. Il y a du bio et du conventionnel.» Le producteur le plus éloigné –excepté quelques paysans «invités», par exemple pour les olives– est la maison Alélor à Mietesheim. Plus circuit court, ça va être difficile!
La guerre des prix
Les intentions des producteurs sont belles mais la guerre des prix, dans l’alimentaire, fait rage. Où se positionne Cœur Paysan? Faute d’étiquettes encore collées, on écoute le président Digel. «Sur les fruits et légumes, je sais que l’on est bien placé», constate le maraîcher de Sélestat.
«Mais c’est quoi le juste prix? Comment on compare le prix d’une viande de porc élevée en plein air avec du porc industriel? Que vaut un yaourt avec du lait bio des Vosges face à un produit Lactalis? Mais par exemple, à Colmar, pour le bœuf, je peux vous dire que nos prix sont équivalents à ceux de la grande distribution.»
On dirait le Sud
Les producteurs du Sud Alsace sont encore peu présents dans ce groupement, mais on compte trois fermes du Sundgau, les vins Klein de Soultzmatt, la ferme d’Ysengrain à Petit-Landau, notamment.
Margot Hoffstetter, avec ses bons escargots de Largitzen a, par exemple, tenté le pari de Cœur Paysan. «On se lance, sans avoir la moindre idée de l’accueil du public mulhousien. C’est un gros pari. Un vrai test.» Un test pour Margot et ses escargots, mais aussi pour les 45 producteurs.
Mulhouse n’est pas Colmar, la rue de Bâle est un peu décentrée par rapport au centre-ville et un Lidl est à un crachat de noyau de cerise du 98, rue de Bâle. Mais les paysans savent depuis la nuit des temps qu’il n’y a que ceux qui sont dans les batailles qui gagnent.
Retrouvez l’article complet, avec des vidéos, dans L’Alsace, ainsi dans les DNA.